L'esclavage de l'ego malsain
L'ego (que je note avec un e en minuscule) ce que l'on nomme habituellement "ego" n'a évidemment rien à voir avec ce que je suis réellement (profondément). Ce que "je suis" c'est ma nature même, ce qui est profondément individuel en moi.
L'ego au sens habituel du terme c'est l'image que je projette ou plutôt que je souhaite projeter "autour de moi", c'est à dire aux autres : paraître "valide", "dominant", "sans danger"... vis à vis des autres.
L'ego est évidemment fondé sur la peur : peur d'être abandonné, peur d'échouer ,d'être jugé par les autres...
Le problème s'épaissie dans le fait que ces fonctionnements sont tellement intégrés en nous (ils se sont formés très tôt dans notre enfance) que l'on n'en a pas vraiment conscience (on ne prend pas le temps de les regarder pour pouvoir prendre du recul) que nous avons tendance à "jouer tous les rôles en nous". On n'a plus peur d'échouer par exemple par rapport aux jugement des autres mais l'on a juste "peur d'échouer" en soi. Nous n'avons même plus besoin de la présence des autres pour éprouver toutes nos peurs.
Quand on commence à s'en rendre compte, il y a comme un combat entre notre "envie de vivre" fondamentale, l'envie de s'épanouir, d'être vraiment nous-même, d'arrêter de souffrir (dans le sens d'avoir mal) et nos habitudes ; ces habitudes de fonctionnement tellement intégrées et tellement rapides à se manifester avec force en nous pratiquement dans toutes les occasions. Malheureusement, quand quelque chose en nous nous gène, notre premier réflexe est de le rejeter comme s'il s'agissait de quelque chose d'extérieur à éviter. C'est ce que l'on fait devant un danger : on l'évite ou on le combat directement ou par la ruse.
Mais en s'y prenant ainsi, rien ne change vraiment. C'est que l'ego fait parti de nous : ce n'est pas quelque chose qui est extérieur à nous. On ne peut pas combattre l'ego. Toute tentative de le faire est forcément vouée à l'échec : ça ne marche pas ! Ces comportements "reviennent toujours" !
Pourtant, il me semble qu'il y a une façon de s'y prendre qui fonctionne vraiment. Au lieu de "combattre l'ego" par des formules du types "il ne faut plus que je fasse comme cela" (me mettre en colère, me soumettre ou dominer l'autre,m'en vouloir ou en vouloir aux autres.... ). Il est possible de s'y prendre d'une toute autre façon.
Au lieu de combattre l'ego comme s'il s'agissait d'un ennemi extérieur à nous, on peut, au contraire, lui apporter de l'amour, de la tendresse en se mettant à chercher à le comprendre non pas pour le détruire mais pour le transformer "de l’intérieur". Il ne s'agit pas de détruire quelque chose, il s'agit de prendre soin de nous.
Finalement, l'ego est comme une "petite bête apeurée en nous" qui "fait ce qu'elle peut" pour défendre noire individualité. Il ne faut surtout pas oublier qu'elle s'est mise en place en nous très tôt, dès la petite enfance alors que nous étions infiniment vulnérables, que notre cerveau n'avait même pas terminé sa croissance et que nous n'avions que très très peu d'expérience, très peu d'informations pour comprendre quoi que ce soit au monde dans lequel nous étions (y compris et surtout par rapport à la présence des autres). C'est certainement pourquoi, l'ego en nous est très proche de nos instincts de survie, de ce qui est commun entre nous et nos petits cousins que sont les animaux, les mammifères vivant en groupe en particulier. Du coup l'ego est tout un système de ruses avec les autres et avec nous-même que nous avons mis en place très tôt, avant même que nous soyons éventuellement capable de vraiment nous rendre compte de ce que nous faisions, tout cela pour éviter tout ce qui provoquait des sensations désagréables. Malgré toute la complexité que nous avons développé dans notre ego, les principes de son fonctionnements sont relativement simples car ils sont très proches de nos instincts de survie.
Notre problème est que ces fonctionnements sont totalement inadaptés si nous voulons nous épanouir et être réellement en relation avec nous-même et les autres êtres humains. Ils empêchent tout fonctionnement et relations réellement créatives et sont basés sur la tentative de gestion des conflits par la ruse ou la force et la recherche d'affection qui nous est commune avec les mammifères vivants en groupes tels que les loups, les chevaux, les autres primates ...
Nous sommes des êtres humains : nous avons le potentiel pour fonctionner un peu autrement !
Mais pour espérer commencer à réaliser notre potentiel, nous n'avons aucun choix : il est nécessaire de s'aimer soi-même, c'est à dire de se comprendre, de partir à la découverte de notre propre fonctionnement... ce qui entraîne automatiquement une possibilité de regarder, de voir les autres êtres humains d'une tout autre façon ! On ne peut plus alors haïr qui que ce soit. On comprend. Il n'y a plus d'excuses, de culpabilité ou d'accusation : il n'y a que la compréhension qui est toujours possible. Cela va très loin : si quelqu'un se rue sur moi avec un couteau pour me tuer, je vais le laisser faire, l'éviter, l’assommer ou même le tuer moi-même pour me défendre ou défendre d'autres personnes. Il y aura beaucoup de tristesse mais pas de culpabilité !
C'est vraiment un cas extrême que je décris là, je souhaite simplement indiquer que cela ne débouche pas sur de la faiblesse mais sur de la force au contraire mais pas de la force CONTRE quelqu'un ou quelque chose, de la force POUR agir et écouter.
L'ego (au sens habituel du terme), induit tout un système de comportements qui nous sont néfastes en fin de compte et qui nous font "passer à côté" de notre propre vie. Ce sont des comportements erronés et inefficaces, inadaptés si nous voulons réellement nous épanouir.
Il ne s'agit pas de supprimer l'ego mais finalement, de l’entraîner à le faire fonctionner autrement, de développer un "Ego" (que je nomme en majuscule). Un Ego au service de la Vie que nous sommes dans la Vie de laquelle nous sommes.
Le mot "ego" veut dire "soi" étymologiquement parlant. Le découvrir m'a donné vraiment à réfléchir !